La santé nutritionnelle des Premières Nations et des Métis des Territoires du Nord-Ouest

Au cœur de la nouvelle publication du Centre de collaboration nationale de la santé autochtone, intitulée La santé nutritionnelle des Premières Nations et des Métis des Territoires du Nord-Ouest : un examen des connaissances et des lacunes actuelles, est la reconnaissance d’une crise croissante liée aux maladies chroniques, parmi lesquelles l’obésité et le diabète, qui ont atteint des proportions épidémiques dans certaines communautés autochtones. L’excès de poids résultant de faibles niveaux d’activité physique et d’une mauvaise alimentation peut être attribué aux rapides changements sociaux, culturels et environnementaux que les peuples autochtones ont connus tout au long de leur histoire récente.

Les aliments traditionnels représentent une partie importante de l’alimentation des peuples autochtones. Cependant, un changement nutritionnel notable s’est opéré : une plus grande proportion de leur alimentation quotidienne se compose d’aliments commerciaux, dont beaucoup sont pauvres en éléments nutritifs et coûtent cher. Ce changement survient en dépit de données probantes qui pointent vers la plus grande valeur nutritive des aliments traditionnels par rapport aux aliments du marché, ainsi que les innombrables avantages culturels, économiques, sociaux et de santé de la récolte et de la consommation d’aliments traditionnels.

Ce rapport résume les connaissances actuelles en matière de santé nutritionnelle des Premières Nations et des Métis dans les Territoires du Nord-Ouest et il cerne les lacunes en matière de recherche. Bien qu’elles représentent la majorité de la population autochtone des T.N.-O., les Premières Nations et les Métis ont été négligés dans la recherche liée à l’alimentation et à la nutrition, et leur lien avec la santé et le bien-être. Parce qu’une grande partie de la recherche a porté jusqu’ici sur les Inuits et les Inuvialuits, des lacunes considérables persistent dans les connaissances pour comprendre les effets des changements de régime alimentaire sur la santé des Premières Nations et des Métis dans cette région. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les recherches portant sur l’incidence du changement climatique et de la contamination environnementale sur leurs systèmes alimentaires traditionnels, leur sécurité alimentaire et leur santé.

Le rapport est divisé en deux grandes parties. La première décrit la nature de la littérature cernée par une recherche dans les bases de données universitaires et avec Google Scholar au sujet de la santé nutritionnelle des Premières Nations et des Métis des T.N.-O., y compris les tendances de publication au fil des années, les sujets prioritaires et les sous-populations d’intérêt. Cette littérature s’étend de 1980 à 2014 et comprend 103 articles évalués par des pairs ou non. La deuxième partie donne un aperçu des connaissances actuelles en matière de santé nutritionnelle de cette population, en s’appuyant sur les conclusions de la littérature cernée dans la première partie, complétées par des renseignements provenant de sources plus larges, y compris la littérature axée sur les Inuit ou la population du Nord en général, dans la mesure où elle était pertinente aux Premières Nations et aux Métis dans les T.N.-O. Le rapport discute également de la transition nutritionnelle chez les Premières Nations et les Métis des T.N.-O., de l’importance des aliments traditionnels dans leur alimentation, des taux d’apports de nutriments et des carences, et des questions liées à la sécurité alimentaire.

En complément de l’analyse de la littérature, le rapport examine également les initiatives de promotion de la santé dans les T.N.-O., y compris les programmes et les initiatives visant à accroître l’abordabilité et l’accessibilité d’aliments commerciaux sains; le bien-être de la communauté et le partage des connaissances entre les générations; le soutien des chasseurs-cueilleurs et la gestion durable de la faune; la réduction de la pauvreté et le développement économique communautaire; l’innovation dans les infrastructures, le transport et la production alimentaire locale; et l’engagement des jeunes.

Résultats

Proportionnellement, dans la recherche documentaire, peu d’études ont examiné les différences – en matière de langue, d’âge, de sexe ou de l’emplacement — dans la santé nutritionnelle des sous-populations spécifiques. Qui plus est, aucune étude examinant les différences fondées sur le statut socio-économique n’a été trouvée. Cependant, la recherche fait apparaître une tendance à remplacer de plus en plus les aliments traditionnels par des aliments commerciaux, en particulier chez les jeunes générations. Elle souligne également le rôle que l’âge, le sexe, l’emplacement, le statut socio-économique et les préférences alimentaires individuelles jouent dans ce domaine. Elle met en évidence l’existence de certaines carences nutritionnelles chez les Premières Nations et les Métis, ainsi que la nature et l’ampleur de l’insécurité alimentaire.

Néanmoins, des lacunes considérables demeurent dans les connaissances relatives aux modes de consommation traditionnels et à la nourriture sur le marché, aux facteurs de carences nutritives, au taux de contaminants dans les sources traditionnelles de nourriture dans le temps et dans l’espace, à l’incidence du changement climatique sur la qualité et la disponibilité d’aliments traditionnels spécifiques, à la prévalence des maladies chroniques associées à l’alimentation et à la nutrition, et à l’efficacité des divers programmes et initiatives de promotion de la santé. En particulier, le rapport invite à la conduite de recherches supplémentaires pour traiter de la diversité des peuples autochtones des T.N.-O., y compris de l’incidence du statut socio-économique et du lieu de résidence. Ces recherches permettraient la mise en œuvre de programmes et d’initiatives de promotion de la santé plus ciblés et plus efficaces.