Trajectoires menant au bien-être : Conditions de vie et santé des Autochtones

Il est devenu monnaie courante de reconnaître que les conditions économiques et sociales influent sur la santé et le bien-être, mais en quoi consistent ces facteurs exactement, quels sont les liens qui les relient, pourquoi sont-ils si puissants et que peut-on faire pour améliorer les résultats de santé sur lesquels ils ont une influence? Ce sont les questions auxquelles les coauteurs, le Dr Jeff Reading et Regine Halseth, répondent dans notre nouveau rapport Trajectoires menant à l’amélioration du bien-être des peuples autochtones : les conditions de vie déterminent la santé.

Le rapport donne un vaste aperçu des déterminants socioéconomiques de la santé, y compris le revenu, la scolarité, le chômage ou les conditions de travail, le logement, le soutien communautaire et social, l’accès aux soins de santé, les influences et l’éducation durant la petite enfance, le mode de vie sain, la consommation de substances psychoactives (alcool, tabac, drogues), la nutrition et l’exclusion sociale. Il se base sur la recherche actuelle et sur les données sur la santé pour documenter les connaissances sur ces déterminants et leurs effets sur la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada. Il présente aussi des informations sur des interventions en cours et sur leur efficacité.

 

 

Trajectoires menant au bien-être : Conditions de vie et santé des Autochtones

La complexité des déterminants qui entrent en jeu dans les problèmes de santé est évidente dans tout le rapport. Par exemple, la section sur le logement souligne que les problèmes de qualité de logement, d’abordabilité, d’accessibilité et de surpeuplement peuvent être liés à des risques accrus d’insuffisance respiratoire, de malaises gastro-intestinaux, de cancer et de tuberculose. À part les liens évidents entre la qualité du logement, le revenu et les possibilités d’emploi, les régions nordiques et éloignées impliquent aussi des coûts de transport, de construction et d’exploitation plus élevés. L’insuffisance de financement pour le logement se traduit par des habitations inadéquates qui contribuent aux problèmes de santé. De plus, l’insuffisance du parc immobilier entraîne des logements surpeuplés. Enfin, les obstacles légaux à la propriété des maisons dans les réserves réduisent les incitatifs à entretenir et à rénover les habitations.

 

Les auteurs du rapport soulignent que les chercheurs et les intervenants doivent être sensibles à l’influence de la culture en matière de santé et de bien-être. Par exemple, la culture est le fondement de l’identité individuelle et collective. En conséquence, son érosion attribuable aux pratiques coloniales a eu des effets dévastateurs sur de nombreux peuples autochtones. Parallèlement, certaines pratiques culturelles peuvent contribuer aux problèmes de santé. Par exemple, l’utilisation de poêles à bois et de bains à vapeur fait partie de la vie quotidienne dans de nombreuses communautés autochtones, mais ces habitudes peuvent favoriser la mauvaise qualité de l’air à l’intérieur et contribuent au développement de maladies respiratoires chroniques.

Le message principal du rapport est que pour être efficaces, la recherche et les stratégies d’intervention doivent adopter « une approche [holistique] du parcours de vie axée sur la perspective des déterminants de la santé ». Cela signifie qu’il faut tenir compte non seulement de la toile complexe des déterminants socioéconomiques, mais aussi des interactions qui se produisent tout au long de la vie d’une personne et d’une génération à l’autre. Selon l’auteur, ces facteurs « influencent les circonstances dans lesquelles les bébés naissent, les enfants se développent et grandissent, les jeunes apprennent à faire des choix de vie saine et les adultes contractent des maladies physiques et mentales ». Tous les chercheurs et les décideurs politiques, pas seulement ceux qui œuvrent dans le secteur de la santé, devraient se préoccuper des déterminants socioéconomiques et de leur lien avec la santé à toutes les étapes de la vie. C’est la seule façon de réaliser des progrès durables et significatifs afin que les populations des Premières Nations, inuites et métisses aient le même niveau de santé que les autres Canadiens.