Utilisation des ECRA en contexte autochtone

Quelles sont les tendances et les implications de divers modèles de recherche utilisés dans les soins de santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis aujourd’hui? Michael Saini est l’auteur d’une deuxième publication du CCNSA sur cette question. Dans sa première publication, il démontrait qu’aucune donnée probante ne vient étayer l’hypothèse fréquente selon laquelle les modèles de recherche sur les Autochtones doivent être évalués selon les normes occidentales de validité. Dans sa nouvelle publication avec sa coauteure Ashley Quinn, il se penche sur la sous-représentation des peuples autochtones dans les modèles occidentaux de recherche privilégiés pour les essais comparatifs à répartition aléatoire.

Utilisation des ECRA en contexte autochtone

Lorsqu’on lui demande pourquoi il s’est intéressé à ce domaine d’études, il répond : « J’ai participé aux Collaborations Campbell et Cochrane qui réalisent des revues systématiques et j’ai remarqué une lacune dans les études expérimentales sur les communautés autochtones. Un si grand nombre de nos politiques fédérales et locales reposent sur les résultats d’essais comparatifs randomisés qui constituent la “norme par excellence” que j’ai voulu approfondir la question. Je suis très sensible au “biais silencieux” qui se produit lorsqu’un groupe particulier n’est pas inclus dans le discours dominant et c’était l’occasion idéale d’explorer pourquoi si peu d’ECRA sont effectués dans les communautés autochtones. »

 

Saini et Quinn ont constaté que bien que les peuples autochtones représentent environ 3 % de la population du Canada, seulement 0,04 % des ECRA internationaux entre 2000 et 2010 ont été menés auprès des communautés autochtones, et de ce nombre, seulement 27 % au Canada. Parmi ces derniers, aucune communauté métisse n’était incluse, aucune étude n’a été entreprise à l’ouest de la Saskatchewan ou à l’est de l’Ontario, et une seule a été effectuée dans le Nord. Les auteurs précisent qu’une utilisation aussi limitée des ECRA représente une lacune substantielle dans notre compréhension des interventions en santé, ce qui entrave grandement la capacité de généraliser et de transférer les connaissances à l’ensemble des communautés autochtones.

 

Étant donné les disparités connues entre les Canadiens autochtones et non autochtones en ce qui a trait aux facteurs prédictifs de la santé et du bien-être, Saini et Quinn estiment qu’il est particulièrement regrettable que les essais comparatifs menés au sein des communautés autochtones ne soient pas utilisés davantage. La tendance des praticiens et des décideurs politiques à compter sur des études dont le caractère rigoureux et la qualité sont définis en termes occidentaux pour évaluer l’efficacité des interventions et des résultats aggrave encore plus les conséquences négatives de cette lacune.

 

Utilisation des ECRA en contexte autochtone
Lorsqu’on lui demande d’expliquer l’existence de cette lacune dans la recherche, Saini ajoute : « Il peut y avoir de nombreuses raisons pour lesquelles les chercheurs participant à des ECRA ont évité les communautés autochtones. D’abord, il se peut qu’ils ne sachent pas comment mieux collaborer avec les chefs et les membres des communautés autochtones pour établir des collaborations et des partenariats fructueux et solides entre chercheurs et communautés. Cela peut également être dû à un malentendu au sujet des ECRA et de la possibilité de les réaliser d’une manière qui soit compatible avec la conception autochtone du monde. » Quelles que soient les causes, Saini et Quinn font valoir de manière persuasive que pour atténuer les disparités actuelles en santé, les chercheurs doivent mettre au point des méthodes participatives, socialement adaptées et sécuritaires sur le plan culturel pour réaliser des ECRA au sein des communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.